Enrico Paulucci naît à Gênes en 1901. Après le déménagement de sa famille à Turin, Paulucci effectue des études classiques. Il finit toutefois par décrocher des diplômes en droit et en économie. Cependant, il développe une aptitude pour l’art dès son plus jeune âge et la cultive tout au long de son adolescence, suivant une voie plus créative. Dès l’université, il commence à participer à des expositions de proximité, évoluant en marge du mouvement futuriste local.
Cet intérêt qui l’anime en parallèle l’amène à côtoyer l’élite culturelle de Turin vers 1927 et 1928 et à nouer des amitiés durables avec des personnalités comme Felice Casorati, Lionello Venturi et Edoardo Persico. En 1928, il se rend à Paris pour approfondir ses connaissances de la peinture française, à commencer par l’impressionnisme, et découvre les œuvres de Pablo Picasso, d’Henri Matisse, de Raoul Dufy et de Georges Braque. De retour à Turin l’année suivante, il participe à la constitution d’un groupe de six peintres turinois qui se consacre à l’exploration des modes d’expression moderne européens dans le contexte de la montée du nationalisme. Le collectif formé par Paulucci et ses partenaires Gigi Chessa, Carlo Levi, Nicola Galante, Francesco Menzio et Jessie Boswell bénéficie du soutien de personnes telles que Venturi et Persico.
Vers la fin des années 1930, il s’intéresse à la jeune génération à travers deux projets très importants: il crée et supervise le Centro delle Arti à Turin, où sont présentées des expositions d’artistes moins connus (1938) et, par ailleurs, il commence sa carrière d’enseignant (1939). Dans le cadre de cette activité, il s’écarte de la rigueur académique traditionnelle pour intégrer des considérations plus contemporaines; Au cours des dernières phases de la Seconde Guerre mondiale, Paulucci se voit contraint de s’installer à Rapallo, son atelier turinois ayant été entièrement détruit. Une fois la guerre terminée, il retourne à Turin et repense progressivement sa pratique artistique. Son exposition Barche à la galerie La Bussola est le fruit de cette remise en question.
Paradoxalement, malgré sa conception avant-gardiste de l’enseignement, Paulucci se montre relativement traditionnel dans le choix de ses sujets. Il est considéré comme l’un des grands noms de la peinture de paysage ligure du XXe siècle. Son œuvre comporte d’autres thèmes récurrents: personnages, marines et natures mortes. Sur le plan technique également, la tradition transparaît dans sa manière d’utiliser la peinture à l’huile et la gouache. Outre ses activités de peinture et de gravure, Paulucci s’investit beaucoup dans la réalisation d’illustrations pour la publicité et de décors pour le théâtre et le cinéma, notamment en collaboration avec Mario Soldati, Carlo Levi, Alessandro Blasetti, Alberto Moravia, Gianfranco de Bosio, Francesco Pavolini et Giorgio Strehler.
Divers prix ont récompensé la contribution de Paulucci à l’art contemporain: prix à la deuxième Quadriennale de Rome (1935); prix au concours artistique de Sestri Levante (1952); prix Michetti et prix de la Villa San Giovanni (1958); prix Pannunzio de Turin (1993); médaille d’or de la présidence de la République pour mérites culturels et artistiques (1994); prix Cesare Pavese (1995).
Enrico Paulucci est décédé en 1999. Aujourd’hui, l’ancien appartement du peintre abrite des archives (conservées par Federico Riccio) qui retracent son parcours artistique. Dix ans après sa mort, l’institution chargée des services culturels de la municipalité de La Spezia a organisé une exposition monographique en hommage à l’artiste, en collaboration avec les archives Paulucci de Turin et l’association culturelle Lerici Pea.
